sur le marché clandestin des organes, le coeur

Si un jour.

Mes organes se retrouvent,

étalés, triés, classés.

Et que la personne devant eux,

cherche à savoir, découvrir, pour lequel d'entre eux.

Elle pourrait tirer le meilleur prix.

Je crois, la réponse, ne se trouvera pas.

Ni dans les reins, les poumons, le foie, les yeux

ou bien encore les intestins.

Non, je crois plutôt que ce serait autour du coeur,

qu'il lui faudra chercher.

Quand je pense à celui-ci,

je l'imagine épuisé d'avoir tant travaillé.

À pomper et faire circuler le sang dans mes veines,

sans relâche, pendant toutes ces années.

Je l'imagine aussi rempli de rides, carrelé et bossé.

Un peu comme le ressenti que j'avais quand j'étais enfant,

devant la peau du visage de mes grands parents.

Usé par le soleil et les épreuves du temps.

Loin, très très loin de la douceur des peaux de bébé.

J'adorais toutefois l'embrasser cette peau.

Ce contact me procurait, je crois, un grand réconfort.

Cette peau, ces visages avaient chacun un bagage, une histoire.

Où chaque pli, chaque ondulation étaient un chapitre de la vie.

Quand je pense à mon coeur, j'ai souvent cette image.

Elle est figée dans le temps.

Je n'ai qu'à fermer les yeux pour les imaginer devant moi.

Forcément je ne saurai pas là pour le voir, mon coeur.

Mais j'aimerais ça, juste, y jeter un petit coup d'oeil.

Et voir, voir ..... s'il était à la bonne place.

Ricardo Da Fonseca