les doutes et la perdition de la comparaison

J'ai été assez vite confronté à ce que j'ai appelé plus tard "la perdition de la comparaison".

Enfant, mes parents martelés souvent les expressions telles que "regarde ton ami comme il est intelligent, regarde comment telle personne est vaillante, pourquoi tu n’es pas comme lui, pourquoi tu ne fais pas ce qu'il fait".

S'ils le faisaient sans mauvaises intentions, aucunes, ils le faisaient assez pour que je répertorie ces phrases dans mon jeune temps et comment cela m'a affecté à quelques reprises. Jusqu'au moment où j'ai réussi à me raisonner sur cet état de fait, que dans la vie il y aura toujours :
Des gens avec plus de succès que moi !
Des gens plus "grand" que moi !
Des gens plus brillants que moi !
Des gens plus beaux et plus charmants que moi !

Et si tout ceci est vrai, il n'en demeure pas moins que mes qualités intrinsèques, elles demeurent.
Ces gens-là n'ont pas mon coeur, ils ne voient pas le monde à travers mes yeux, ils n'ont pas mon âme et ne partage pas les valeurs qui sont les miennes.

Ainsi va mon principe de perdition, on ne peut comparer deux individus, jamais. On peut valoriser les qualités et/ou travailler sur les défauts de l'un ou de l'autre. Si et seulement si c'est dans une démarche pour atteindre la meilleure version de nous-mêmes et ça s'arrête là.
Il n'y a rien, rien, rien de bon à se comparer. Juste notre perdition, à petit feu ...

Dernièrement ces souvenirs, depuis longtemps enterrés, ont refait surface. Quand on est jeune , très jeune. Nous sommes "extra" sensibles aux avis et commentaires des autres. Leurs impacte est directe et profonde car notre noyau identitaire et sa banlieue, notre "core" comme je l’appel est pur et il est exposé sans filtre, sans protection.

En vieillissant, nous bâtissions autour de notre "core" un vrai labyrinthe et nous le mettons dans un coffre blindé. Et de la même manière qu'on ne nait pas confiant, on le devient. Ces murs sont bâtis avec le temps, les années. Ce labyrinthe est monté bloc après bloc, joie après joie, épreuve après épreuve, réussite après réussite, douleur après douleur...

Laissant un accès de plus en plus limité, de parts tous les possibles enjeux (i.e : la confiance en soit).
On y réserve donc l'accès seulement à nos VIPs. Seuls les membres de notre famille, nos amis proches en connaissent les accès. Ils ont les clefs . Ils connaissent les chemins à notre nous profond. Accès à nos forces, nos faiblesses, à notre fragilité, accès à notre "être".

Avec le temps, les épreuves, je m'en rends bien compte aujourd'hui. Une des pires choses qu'une personne puisse faire à une autre, c'est de la faire douter. Douter de qui elle est, de ses capacités , de sa "valeur". Le doute est un mal profond et insidieux . Il s'installe dans de nombreuses sphères de notre quotidien et nous use. Oh qu'il est fatigant de douter de presque tout, presque tout le temps ...

Si certaines personnes ont la capacité d'amener le doute chez nous, elles n'ont pas celle de l'enlever.
Les personnes les plus proches auront beau essayer de nous défaire de ces doutes. De cet état, il n’y a que nous et nous seuls qui puissions nous en raisonner.

À l'origine des doutes il y a cet accès au "core". Généralement, les gens n'en demandent pas les accès, on leur donne. Avec le recul, je crois que de nôtre "core" personne d'autre que nous ne devrait y avoir accès.

Je ne veux pas dire de rester de marbre et de se couper de ses émotions et de ne pas s'ouvrir aux autres. Non, mais de nôtre "core" nous devrions être le seul intendant ! il s'agit là de préserver intact notre personnalité, les traits de caractère que nous avons si chèrement bâtis pendant toutes ces années.
Peu importe les tempêtes, les torrents, ceci ne devrait pas être remis en cause, et si oui, ne devrait l'être par personne d'autres que nous.

Il est nôtre refuge quand tout s'écroule et nôtre terrain de jeux quand tout va pour le mieux. J'imagine souvent mon "core" comme une immense zone en chantier. Mais les moments que je viens de passer ces derniers jours parmi les gens que j'apprécie et que j'aime me font relativiser sur l'étendue du chantier .

Je n'ai pas la prétention d'avoir les réponses / solutions. Juste une singulière réflexion faites dans ces heures tardives où le sommeil ne venait pas et dans ses lieux peu communs où j'allais quand le poids de la maison se faisait un peu trop lourd.

Who am I, I am nobody
Who am I, I am everybody



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