l'apprenti routier et joueur d'harmonica

Voilà maintenant plus de 3 ans que je prends cette route de chez nous à l'ONF. Ou comme je l'appelle mon triangle des Bermudes. Sans représenter un triangle , il en a la caractéristique principale : tu sais quand tu rentres mais jamais quand tu vas en sortir.

En résumé, c'était un peu de la 30, un peu de la 10, le pont Champlain, l'échangeur Turcot, l’autoroute Décarie et finalement un petit bout de la 40.

Avec le temps, on pense qu'on peut s'habituer à peu près tout. Que le trafic, toutes ses heures perdues et le stress implicite du voyagement sont des variables qu'on peut gérer.

Mon expérience m'a appris qu'on ne s'habitue pas , on fait juste accepter. Et tel un cruise control, notre cerveau se conditionne autour de la situation, de ce mal qui semble nécessaire. Dans mon cas, il était **supposé** durée 1 an... Tout ceci va bientôt être chose du passé, en septembre je m’en vais travailler au centre ville et à moi le transport en commun.

"The" expérience en chiffres et métaphores :

* 36 mois à s'entasser par choc contre par choc pour arriver là où je devais aller.

* 156 semaines à penser à toutes ces personnes prenant la route comme moi.

Je voudrais leur dire, leur crier. Ne laisser personne sous-estimé, ce que vous vivez matin et soir.

Peu importe que ce soit par choix ou par obligation . Seuls vous savez ce qu'il en coûte !

* 1.560 heures de ma vie, données au dieu de la route

* 300 jours à partir à 16h de la job et stresser de ne pas arriver à temps pour la fermeture du service de garde (18h)

* des tarmacs de stress de toute sorte

* des pyramides de frustration contre moi, les autres, la vie

* des palettes de rires et des larmes aussi

* 600 salutations au soleil (présent pas présent) avec inclu les bruits d'étirement d'imitation de chewbacca

* 1 nouveau pont, j'ai assisté à la construction pilier après pilier , bloc après bloc du nouveau pont "Samuel de Champlain" ( toujours en cours )

* 1 nouvel échangeur Turcot, j'ai assisté à la destruction et à la construction du nouvel échangeur pièce par pièce telle un légo géant. ( toujours en cours )

Disons que j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir, plus que j'en aurai voulu. Notamment à comment le "meubler". Le matin j'écoutais principalement la radio et le soir la musique .

En écoutant la musique the River, de Bruce Springsteen. Je sifflais souvent les notes d'harmonica du début avant de chanter à tu tête les paroles. Dès lors je me suis dit pourquoi ne pas acheter un harmonica et m'essayer.

C'est donc ce que j'ai fait , j'ai appris quelques partitions de base, que je mettais sur mon speedomètre. Et je m'improvisais musicien le temps de mes trajets. Je ne suis pas devenu un virtuose de l'harmonica, non. Je m'amusais et en me pratiquant, j'ai eu une sorte de petite révélation.

Voyez-vous, au début je voulais absolument jouer toutes les notes des morceaux utilisant l'harmonica ou tout autre instrument. Ce dans quoi je failé lamentablement.

À un certain moment donné, je me suis souvenu d'une représentation de l'OSM dans laquelle il y avait un joueur de cymbale. Des partitions qui étaient jouées , il avait tout au plus un 2 ou 3 secondes d'actions . Mais ces 2 secondes étaient assez remarquables, parfaitement timé, pour que moi , un néophyte s'il en est, je m'en souvienne.

Ce souvenir m'a fait réalisé que je n'avais pas faire toutes les notes , simuler tous les instruments pour pouvoir rayonner, raisonner avec mon harmonica. Aussi que j'allais être correcte, d'être le monsieur avec les cymbales. Pourvu que je fasse de mon mieux et que ce soit significatif , ne serait-ce que pour moi.

Finalement, dans un orchestre comme dans la vie , ce n'est pas tant le temps de notre prestation qui compte plus que qu'est ce que nous allons faire du temps qui nous est imparti .

https://soundcloud.com/ricardo-fonseca-82/the-river














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